Je t'adresse ces quelques mots pour te remercier de l'attention que tu me portes, et de m'accueillir en ton antre, tout en me donnant cette chaleureuse impression d'être chez moi.
Tout y est si naturel. Les fenêtres sont ouvertes sur un ciel au regard bleu et enthousiaste. Le chant des oiseaux se fraye un chemin vers mon âme, pour la nourrir de sérénité et de vie.
L'odeur du café s'immisce dans mes narines et laisse poindre un plaisir ordinairement bon.
Je me suis permise de prendre une douche. Mon humeur s'est revitalisée au contact de cette eau que je n'avais jamais vue aussi délicate.
J'aime beaucoup le confort que tu as disposé dans tous les petits détails de ton refuge. Je me suis autorisée à explorer les lieux.
J'ai souri en découvrant la liste de numéros affichée sur le frigo. Tu as songé à tout. Numéro du médecin, numéro de la pharmacie, numéro des pompiers, numéro de la police. Tu es allé jusqu'à noter celui de l'épicerie. Tous ces essentiels qui peuvent m'être utiles et me secourir.
Les placards de la cuisine sont investis d'aliments aussi rudimentaires que précieux et d'ustensiles qui œuvreront au service de mes nécessaires et de ma faim.
Je suis fascinée par la sollicitude de tes intentions. Tu as poussé l'exactitude de ta prévenance, en disposant des vêtements dans l'armoire et des chaussons au pied du lit.
En laissant glisser mes doigts sur les livres de la bibliothèque, je suis tombée sur le premier livre que j'ai lu adolescente, l'Alchimiste. Au regard de tout ce que je découvre en ces lieux, je doute que cela soit le fruit du hasard. Alors … Merci.
Je suis entrée ici ce matin, avec cette appréhension récurrente de passer encore et encore de longues heures, seule. Il aura suffi à mes yeux de se poser sur les photos exposées dans l'entrée pour éveiller l’emballement de mes sens. Que de souvenirs heureux tapissent ces murs. Que d'Amour et de tendresse remontant à la surface. Ces expériences qui auront façonné ma vie et mes attitudes. Ces êtres que je porte en mon coeur et qui m'accompagnent même d'aussi loin. Ces émotions qui enveloppent mon corps.
Pour tout te dire chère journée, je crois bien que c'est la première fois que je te porte autant d'attention. Je te sais là depuis mon premier jour sur cette Terre. Tu as toujours été là. Tu t'es parée de mille robes aux couleurs toutes si différentes. Tantôt roses, tantôt tristes. Parfois enchantées, d'autres fois neutres. Ton allure a pour autant toujours été sobrement digne.
Je t’ai si souvent jugée bonne ou mauvaise pour des raisons qui ne t’appartenaient pas, je suis souvent passée à côté de toi sans mesurer l’absolu et le précieux de ta nature.
Un peu comme cet air que je respire, cette eau que je bois, ce pain que je mange, je t’ai considérée comme un acquis dont il n'est pas ou plus nécessaire de prendre soin.
Pourtant aujourd’hui, te regarder telle que tu es, droit dans les yeux, me renvoie à ces mots prononcés par Ghandi : « Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours. »
Si je t’ai souvent manqué de respect, que je n’ai pas toujours su t’être reconnaissante, sache chère Journée, que désormais, je mesurerai toute l’ampleur de la chance que j’ai de t’avoir à mes côtés. Car après tout…D’autres sont partis trop tôt et n’ont plus le privilège de ta présence…
Et si tu n'étais pas là pour moi, où serais-je ?
©Angèle Delphes
